Une victoire sur le changement climatique
Après quatre ans d'efforts, mon syndicat, le Service Employees International Union Local 503, a approuvé ma résolution conjointe de dépenser 160 000 dollars pour engager un∙e consultant∙e et/ou du personnel à plein temps pour nous aider à réduire à zéro les émissions de carbone de notre syndicat d'ici 2030.
Lors du Conseil Général de notre syndicat, notre organe directeur, 250 délégués de tout l'État de l'Oregon (États-Unis) se sont réunis pour voter sur cette résolution et 27 autres résolutions. J'apprécie le courage et la clairvoyance des dirigeant∙e∙s de mon syndicat qui persistent à mettre en pratique ce processus démocratique alors que peu d'autres sections locales le font encore. Il faut du temps et de la patience pour ouvrir le débat où les opinions de chacun∙e peuvent être entendues.
J'ai déchargé et décidé de renoncer à mon réflexe chronique d'autoprotection pour être ouverte et aimante envers les personnes présentes : les délégués et le personnel. J'ai écouté certaines personnes à la table du Comité pour la Justice Climatique où nous avons posé la question suivante : « Comment le changement climatique affecte-t-il votre travail, votre santé, votre famille ? » Elles ont partagé leurs pensées et leurs craintes, en particulier les parents qui ne voulaient pas laisser un tel héritage à leurs enfants. C'était si bon de les entendre et de les aimer.
La direction du syndicat a tenu deux réunions au cours de cette conférence de trois jours pour informer les délégués du budget du syndicat. Le budget est basé sur les cotisations perçues auprès des membres. Chaque résolution s'accompagnait d'une déclaration d'impact financier. Les résolutions dont le coût était élevé risquaient d'être rejetées. Mais juste avant l'annonce de ma résolution, le directeur exécutif a évoqué l'argent supplémentaire qui avait été économisé au cas où des résolutions telles que celle sur la justice climatique seraient adoptées. Sinon, cet argent serait utilisé pour embaucher du personnel supplémentaire afin de soutenir les travailleurs. Était-ce un indice ?
Lorsque ma résolution a été annoncée, j'ai fait une déclaration liminaire d'une minute pour expliquer l'urgence de la situation actuelle et pourquoi nous devions agir avant 2030. J'avais l'impression que les gens n'étaient pas au courant des détails. J'ai expliqué les mesures que notre Comité pour la Justice Climatique avait prises au cours des quatre dernières années pour réduire l'empreinte climatique de notre syndicat. Nous avions maintenant besoin d'un investissement pour faire le travail. J'ai dit qu'il était plus coûteux d'attendre et de nettoyer après le changement climatique (les tempêtes et les incendies de forêt) que d'être proactif maintenant et de faire ce que nous pouvons.
Dès que j'ai arrêté de parler, l'un des délégués a "mis fin au débat", c'est-à-dire qu'il a coupé court au débat. À ce moment-là, les délégués avaient dépassé de trois heures l'horaire prévu. Beaucoup voulaient commencer le long trajet de retour pour se préparer à travailler le lendemain.
Lors du vote, la majorité a voté en faveur de la résolution. Seule une poignée de gens ont voté contre. J'étais stupéfaite et j'ai pleuré silencieusement d'étonnement alors que le groupe passait sans sourciller à la résolution suivante.
À la fin de la journée, un jeune adulte membre du personnel du syndicat que je n'avais jamais rencontré m'a remerciée pour ma résolution.