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Diane Shisk

 

Récupérer mon esprit créatif

Un·e de mes Co-écoutant·e·s régulièr·e·s, un·e artiste, m’a encouragée à participer à la série d’ateliers “Reclaiming Creativity“[1]" animés sur Zoom par Emily Feinstein (Personne de Référence Internationale pour la Libération des Artistes Visuel·le·s). C’était une bonne idée et un bon encouragement pour moi.

En tant que femme adulte d’origine africaine, j’ai toujours eu dans l’idée que je peux faire beaucoup de choses, sauf être créative. Je suis admirative des œuvres d’art d’autres personnes mais je ne suis pas une créatrice moi-même. C’est ce que je pensais.

Le fait de participer aux réunions sur la créativité dirigées par Emily fut pour moi un énorme défi et une grande contradiction [de la détresse]. Qu’est-ce que j’étais censée faire là ? J’ai commencé à décharger sur l’idée d’être créative avant même le début de l’atelier et j’ai pu comprendre un peu mieux ce qu’avaient été mes blessures précoces et d’où venait l’idée que je ne suis pas créative.

Grâce à la manière de diriger honnête, chaleureuse, puissante et joyeuse d’Emily, je me suis immédiatement sentie chez moi dans le groupe. Je pouvais sentir qu’elle n’avait aucun doute quant à ma bonté. J’ai pu décider de ne pas retenir les choses en moi.

En tant qu’enfant noire née dans un pays colonisé, il était difficile pour mes parents, qui travaillaient dur pour survivre, de me donner suffisamment d’attention. Ils n’avaient pas du tout le temps de jouer avec moi. Ils s’assuraient que leurs enfants avaient assez à manger et qu’ils pouvaient aller à l’école. Jouer n’était pas une option pour eux. En tant qu’enfant catholique, on attendait de moi que je prenne soin des adultes. Je ne comprenais pas cela et je me suis isolée en moi-même de plus en plus.

Les manifestations d’espièglerie, de relâchement et d’ouverture d’esprit étaient de moins en moins appréciées. C’était douloureux, et je me sentais seule. Graduellement, je me suis mise à croire que ma vie n’était valable que quand je servais les autres et prenais soin d’eux. Je sentais que je me perdais moi-même, et en même temps l’enfant créative qui était en moi.

Dans les ateliers “Reclaiming Creativity”, j’ai déchargé des blessures profondes qui font que je ne me sens pas bien dans ma peau, que je me sens seule et séparée des autres. J’ai tendu la main à cette enfant déçue et, de plus en plus, j’ai acquis une image de ce qu’elle était avant qu’elle n’abandonne. J’ai pu ressentir sa bonté, le plaisir qu’elle ressentait et ses attentes. J’ai pu ressentir son amour inconditionnel.

Quand on m’a fait travailler dans une classe pour dirigeant·e·s, j’ai pu entrer en contact de manière relâchée et joueuse avec la petite fille que j’étais. J’ai pu ressentir la légèreté, l’enthousiasme et la joie en moi-même tandis que je récupérais mon esprit. Mon écoutant·e et les autres personnes du groupe dansaient avec moi pendant que je travaillais. Ce fut un processus de guérison génial, et ça l’est encore.

L’idée que je ne suis pas créative est une question de décharge. J’ai décidé de ne plus jamais déclarer que je ne suis pas créative. Je vais continuer de guérir la peine liée au sentiment d’insignifiance. Je veux continuer de danser avec cette jeune enfant en moi. J’ai à présent une perspective plus vaste sur ce que créativité veut dire pour moi : faire confiance à mon esprit, être ouverte, aimer cette enfant en moi et sentir que je suis connectée.

Marlène Melfor

Arnhem, Pays-Bas

Reproduit du forum de la Co-écoute 
pour les dirigeant·e·s des artistes

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Last modified: 2023-04-15 09:24:12+00