Un nouveau critère concernant
les formatrices et formateurs de Co-écoute

D’après une présentation par Tim Jackins à l’atelier des Dirigeant-e-s des Femmes et des Hommes dirigé

par Diane Balser et Tim Jackins à Washington, DC, USA en octobre 2017

Nous avons tenu notre Conférence Mondiale il n’y a pas si longtemps. Quelque chose que nous faisons systématiquement pendant les Conférences Mondiales, c’est réviser le Guide pour les Communautés de Réévaluation par la Co-écoute. Nous faisons cela pour plusieurs raisons : pour corriger les erreurs passées, pour clarifier nos intentions, pour mettre en évidence les progrès accomplis et pour répondre aux conditions changeantes au sein de la société.

Le Guide contient des règles de fonctionnement. Ce n’est pas un registre de lois. Ces règles sont là pour guider notre pensée et notre fonctionnement, pour nous aider là où nous avons des difficultés pour penser, pour que nous ne soyons pas seuls face à des problèmes difficiles.

CRITÈRES POUR LESFORMATEURS et FORMATRICES dE CO-ÉCOUTE

La partie du Guide dont nous allons parler aujourd’hui contient un nouveau critère concernant les formatrices et formateurs de Co-écoute.

Nous en demandons plus aux gens qui enseignent la Co-écoute que nous le faisons pour les gens qui démarrent la Co-écoute. C’est au sein des classes de Co-écoute que le premier travail important se fait — que l’idée s’installe dans la tête des gens qu’ils peuvent changer leur état d’esprit, et que s’ils changent leur état d’esprit, ils peuvent éventuellement regagner de la puissance dans le monde ; ils peuvent avoir une certaine importance.

En tant que formatrices et formateurs, nous ne faisons pas qu’enseigner les idées de la Co-écoute. Nous avons la possibilité de montrer ce que c’est d’avoir eu les ressources de la Co-écoute à notre disposition. Nous pouvons être différents de tout ce que les apprenant-e-s dans nos classes de base voient n’importe où ailleurs. Nous pouvons être nous-mêmes et démontrer la capacité de se libérer des détresses.

Dans le Guide, il y a des chapitres à propos de ce que nous demandons aux formateurs et formatrices. Encore une fois, il ne s’agit pas de “lois.” Ils décrivent ce que nous essayons d’atteindre. Ils exigent un effort certain — ils exigent que les formatrices et formateurs ne se contentent pas d’être d’accord avec les principes mais tentent de les mettre en pratique, et se servent de nos outils contre leurs difficultés.  

On a connu des formateurs et formatrices rencontrant des difficultés avec la liste de ces critères. Toutefois, si ces personnes se sont engagées dans un travail pour mettre fin à ces difficultés, et qu’elles ont accompli suffisamment de travail pour que ces difficultés ne régissent pas leur comportement, elles ont eu la possibilité de continuer leur enseignement.  

Il y a un chapitre du Guide intitulé “Combattre les détresses.” Il commence par : « En accordant une autorisation d’enseigner à des formateurs et formatrices, les Personnes de Référence tiendront compte de la compétence des candidat-e-s, de leur sens des responsabilités, de la qualité de leurs relations et de leur capacité à gérer leur environnement et leur propre bien-être. L’objectif est que tout-e formatrice et formateur soit une personne libre de tout automatisme qui l’empêcherait d’être un excellent modèle. Les automatismes d’oppression classiste, raciste, anti-Juifs, sexiste, ceux liés à l’âge, et d’autres, y compris la cupidité, font partie de nos cultures. Les formateurs et formatrices combattront ces automatismes dans les activités de Co-écoute et dans leur propre vie, et déchargeront à leur sujet. »

UN CRITÈRE CONCERNANT LA PROSTITUTION

Il y a quatre ans, nous avons ajouté un critère concernant l’usage de la pornographie. Cela a provoqué beaucoup de difficultés. Cette année, nous avons ajouté un critère concernant la prostitution[*]— et là aussi, beaucoup de difficultés. Pourquoi ? À mesure que la société s’effondre, elle est farouchement déterminée à corrompre quiconque ou quoi que ce soit la menaçant, et l’une des principales façons qu’elle a de corrompre les relations humaines, et de détruire les gens aux fins de générer du profit, c’est d’employer le sexe et le sexisme.

Cette forme de corruption infiltre nos sociétés. Tous les gens qui intègrent nos Communautés, et aussi nous qui sommes ici, ont tous été corrompus par ça. Et notre impuissance, notre difficulté à affronter ce qui semble insupportable, nous conduit souvent à être des témoins passifs. Il est important que notre Communauté n’accepte pas la corruption. Il est important que quelqu’un dise non au sein de la société. C’est un combat difficile, mais c’est un combat inévitable. Il pourrait être repoussé, mais il n’y a aucun bénéfice à attendre d’un tel délai.

Nous avons choisi de mener un rude combat, et c’est à présent un critère concernant les formatrices et formateurs de Co-écoute. La plupart d’entre nous ne souhaitent pas examiner ou penser aux blessures que nous avons reçues dans ce domaine, mais nous voulons assurément en être débarrassées — et je pense que nous sommes assez solides pour affronter ça. Bienvenue dans cette lutte ouverte.

Nous nous débattons tou-te-s avec la corruption à cause de ce qui nous est arrivé. Des millions de vies ont été détruites. Et la manière de commencer à y mettre fin, c’est d’adopter une position honorable. Nous devons décider — et nous avons décidé pendant la Conférence Mondiale — que nous ferons cela.

BIEN VIVRE DANS DES CIRCONSTANCES PÉNIBLES

Nous pouvons réellement bien vivre dans des circonstances pénibles. Nous pouvons profiter de la vie même quand des dommages se produisent dans le monde — surtout si nous sommes engagé-e-s à les éliminer. Le combat pour les éliminer devrait être un joyeux combat. 

C’est objectivement difficile, il y aura des pertes, mais nous mettrons fin à quelque chose d’horrible. Nous devrions nous en réjouir. Vous pourriez essayer de ressentir de la joie. N’attendez pas que la joie vous tombe dessus. Combattre les détresses implique toujours de faire un choix dans votre esprit.

Traduit de l’anglais par Régis Courtin


 *Selon les pages 14 et 15 de l’édition 2017 du Guide pour les Communautés de Réévaluation par la Co-écoute :

Les formatrices et formateurs sont tenu-e-s de…

  1. ne pas défendre l’usage de la pornographie, de la prostitution ou d’autres industries du sexe.
  2. d’avoir suffisamment travaillé sur les détresses sexuelles que la société a installées en elles ou eux (comme en chacun-e de nous) pour ne pas établir de contacts sexuels en échange d’argent ou d’autres formes de compensation, ou autrement entrer en collusion avec l’exploitation de quiconque obligé ou conduit à proposer un tel contact sous l’effet de la violence, de la menace, de la force, de conditions économiques ou de l’oppression…

 


Last modified: 2023-04-15 09:24:12+00