Mes priorités

J’ai récemment entendu Tim dire que si nos luttes prenaient fin dans quelques années seulement, il serait logique de consacrer toute notre énergie à la recherche et à la mise en œuvre de solutions. Mais comme nous ne pensons pas que ce soit la situation actuelle, nous devons plutôt être capables de maintenir notre réflexion et nos efforts sur une plus longue période. Une partie de notre stratégie doit consister à nous préserver et à nous renforcer pour la lutte à long terme. 

Je me suis surprise à penser : « Mais qu’en est-il de l’urgence climatique ? Ce que Tim suggère devrait-il être notre stratégie, alors que nous savons que nous n’avons que cinq à dix ans pour effectuer des changements majeurs ou faire face à des conséquences dangereuses que nous ne savons pas comment prévenir ? » J’ai posé la question à Tim, et lui et moi avons discuté. J’ai déchargé, j’ai réfléchi davantage et je vous fais part de mes réflexions ici.

NOUS DEVONS NOUS SOUTENIR NOUS-MÊMES

Ma première réévaluation est la suivante : savoir que quelque chose doit être fait, même pour notre bien, ne suffit pas toujours pour pouvoir affronter nos détresses. Ce n’est pas parce que nous sommes en crise et que ce que nous ferons dans les cinq à dix prochaines années pourrait déterminer l’existence ou non des humains dans le futur, que cela nous donne plus de capacité à affronter nos détresses. Zut, j’espérais vraiment que ce serait le cas.

Ainsi, lorsque nous nous engageons dans une lutte permanente contre une très grande opposition, nous devons nous ménager et nous préserver. Nous sommes engagés dans une grande bataille pour longtemps.

Chaque personne est importante. Chacune de nos vies compte. Et nous voulons renforcer nos capacités, et non pas nous épuiser et nous décourager. D’un point de vue pratique, c’est la seule stratégie viable à long terme. Nous avons un mouvement mondial à bâtir. Nous ne pouvons pas perdre de bons éléments pour cause du surmenage. Et nous devons attirer beaucoup de gens vers nous et notre mouvement. Cela n’arrivera pas si nous ne pouvons pas leur montrer que nous nous soucions de leur vie personnelle. Nous ne pouvons pas simplement nous attendre à ce qu’ils nous rejoignent et travaillent sur nos objectifs, aussi importants et universels soient-ils.

Pour la plupart d’entre nous, c’est une grande contradiction de la détresse lorsque quelqu’un nous fait voir que ce que nous faisons est important, que nous pouvons apporter une contribution significative à la réalisation d’un objectif significatif. Offrir aux gens la chance de faire partie d’un si grand projet est important pour leur réémergence et leur libération, et c’est ce que nous voulons faire. Mais cela ne doit pas se faire au détriment d’une bonne réflexion sur eux-mêmes, leur famille et la Communauté de Co-écoute.

ÉQUILIBRER TROIS CHOSES

Je pense à l’équilibre entre trois choses :

1) Moi-même, ma famille, ma santé, ma vie.

2) La Communauté de Co-écoute

3) Agir dans le monde pour remettre les choses en ordre.

Chacun·e d’entre nous peut décharger sa situation et déterminer le degré d’attention qu’iel accorde à chacun des domaines mentionnés ci-dessus.

La plupart d’entre nous ont de grandes difficultés à bien penser dans ces domaines. Mais c’est la détresse que nous devons de toute façon décharger. Pour vivre cette vie équilibrée, nous devons travailler sur les luttes précoces qui nous troublent et nous limitent – isolement, peur, désespoir, impuissance, accablement, sentiment d’insignifiance – et agir contre elles dans les trois domaines.

Nos sentiments de découragement ne concernent pas seulement l’urgence climatique. Ils concernent aussi nos vies personnelles, la Communauté de Co-écoute et tous nos projets à long terme. Je pense que nous pouvons décider de ne négliger aucun des domaines déjà mentionnés, mais la plupart d’entre nous devront varier notre rythme ou nos priorités au fur et à mesure de nos tentatives et de notre décharge.

BÂTIR LA COMMUNAUTÉ DE CO-ÉCOUTE

Je ne pense pas que nous puissions apporter des changements aussi importants que nous le souhaitons sans décharger. Nous devons donc continuer à bâtir la Communauté de Co-écoute. Nous avons besoin des ressources de la Communauté de Co-écoute pour garder les idées claires lorsque les choses deviennent plus difficiles. Et nous avons besoin de la Communauté de Co-écoute pour enseigner aux gens ce qu’est la décharge, qui fait partie de la solution à l’urgence climatique.

Lorsque nous encourageons les membres de notre Communauté à agir en dehors de la Co-écoute, nous devons tenir compte de nos ressources collectives. Nous ne voulons pas en demander tant aux gens qu’ils en viennent à être dans la confusion et se retirent du développement de la Communauté ou de la réflexion sur leur santé et leur famille.

Il est possible de décharger des détresses qui rendent difficile l’équilibre de nos vies. Nous pouvons décharger et nous déchargerons davantage le matériau précoce qui rend tout cela si difficile, et nous pouvons tenir compte de nos limites individuelles et communautaires, même lorsque nous déchargeons ces limites.

Ce travail – trouver mon chemin vers un rôle durable et efficace pour mettre fin à l’urgence climatique, et aider les autres à trouver leur chemin – est ma priorité aujourd’hui.

Diane Shisk

Personne de Référence Internationale de Commonalité pour la Protection de l’Environnement

Shoreline, Washington, États-Unis

Traduit de l’anglais par Régis Courtin


Last modified: 2023-11-13 20:26:15+00