La mort et le décès, la vie et l'existence, et le COVID-19

Récemment, j'ai dirigé une réunion pour une classe de dirigeant·e·s à Queens, New York (USA). A cette date-là, cette partie de la ville de New York connaissait le plus grand nombre de cas d'infection et de décès par le COVID-19. Les hôpitaux du quartier étaient débordés et les gens pauvres, les immigrés et les personnes de couleur étaient particulièrement touchées à la fois par l'impact sanitaire et l'impact économique de la pandémie. Je suis de tout cœur avec chacun·e de vous ayant perdu une personne proche, un·e voisin·e, un·e ami·e, un·e parent·e ou un membre de votre communauté.

En plus d'avoir fait travailler un grand nombre de gens, j'ai partagé les points suivants que je trouve utiles de se remémorer en cette période, à part le fait de rester proches et de continuer à décharger :

• C'est le bon moment de se souvenir de ce que nous aimons de la vie, de remarquer les opportunités (bonnes et mauvaises) que présente cette crise, et de réfléchir aux bonnes choses que nous espérons en voir ressortir.

• C'est bon d'être vivant·e, de se souvenir que l'on est vivant·e et de remarquer le caractère précieux de la vie — au-delà du “train-train” quotidien susceptible de nous préoccuper. Être vivant·e est complètement différent du fait de ne pas l’être.

• Le capitalisme dévalorise le vivant en mettant la priorité sur les profits. Chaque oppression comprend une dévalorisation de la vie des gens qui sont ciblés par l'oppression. Chaque vie est valable, chaque vie est également précieuse. Personne ne devrait jamais avoir à choisir qui a une meilleure chance de vivre qu'une autre personne. 

• Nous devons décharger suffisamment pour continuer à rester intelligent·e·s vis-à-vis de nous-mêmes et des autres. Certain·e·s d'entre nous ont des préoccupations inutiles et empreintes d'automatisme par rapport à leur survie ; d'autres ont des tendances insensées et empreintes d'automatisme pour l'auto-sacrifice ; et beaucoup de gens ont les deux. 

Acceptez la difficulté et continuez à fouiller. Si cette situation traine en longueur, nous pouvons devenir insensibles ou endurci·e·s sans nous en rendre compte. En tant que Co-écoutant·e·s, nous comprenons (théoriquement) que cette situation restimule nos blessures précoces, mais nous ne réalisons pas toujours que nous essayons de fonctionner sans tenir compte de notre peur, de notre tristesse, de notre colère ou de notre isolement. Ensuite, nous nous demandons pourquoi la vie est devenue plus difficile. Nous devons travailler directement sur les blessures précoces pour nous extirper de façon significative de nos détresses, mais nous ne pouvons pas complètement négliger les choses que nous vivons en ce moment. Prêtez attention à la situation globale, à ce qui se passe pour vous — et dans vos séances, acceptez la difficulté. 

• J'ai trouvé utile de continuer à pleurer jusqu'à ce que je puisse ressentir de l'indignation — à propos des morts inutiles, à propos des agissements de l'oppression en toute occasion, à propos des réponses scandaleuses à la pandémie, et plus encore — pas en me plaignant mais en criant avec indignation, en cherchant à dépasser le désarroi et le désespoir.

• En tant que Juive, cette situation toute entière contient beaucoup de restimulations singulières pour moi. Je suis née aux États-Unis en 1950, et j'ai vécu mes premières années parmi des Juifs qui étaient encore restimulés par les décès en masse dus à l'Holocauste. C'est aussi mon expérience personnelle la plus proche avec la mort sur cette échelle. Beaucoup d'autres groupes ont également vécu des expériences qui peuvent conduire à des restimulations singulières en ce moment.

• C'est le bon moment pour apprendre comment lutter pour notre vie et pour travailler sur notre volonté de vivre, au cas ou nous serions dans une situation où le fait d'avoir fait ce travail puisse faire la différence entre vivre et mourir. Si l'on est en plein dans une crise sanitaire personnelle, ce n'est pas le meilleur moment pour commencer à tirer ces choses-là au clair. 

• La peur de la mort est complètement différente de la mort — la peur de la mort est simplement une peur ancienne, un enregistrement qui peut être déchargé. Nous pouvons affronter a mort. Nous pouvons aussi choisir notre point de vue et décider là où nous voulons orienter notre esprit à tout moment. Nous pouvons le faire au moment de mourir, même si cela demande des efforts. Nous pouvons penser au fait d'être aimé·e·s et garder les gens présents à l’esprit, même si nos proches ne peuvent pas nous accompagner. 

• Souvenez-vous toujours que la décharge a un impact positif majeur sur la capacité du corps à rester en bonne santé et à guérir. 

Mon article "La mort et le décès, la vie et l'existence" donne un bon aperçu des idées de la Co-écoute sur de nombreux sujets connexes. On peut le trouver ici :   

rc.org/publication/translations/french/La_mort_et_le_de%C3%8C_ce%C3%8C_s_la_vie_et_l_existence.pdf

Joan Karp
Cambridge, Massachusetts, USA

Reproduit du forum de la Co-écoute pour les membres de la Communauté
Traduit de l'anglais par Régis Courtin


Last modified: 2023-03-15 22:08:32+00