I. LES GROUPES DE DIRIGEANT-E-S

Il existe de nombreux modes d'organisation des groupes de dirigeant-e-s dans la Réévaluation par la Co-écoute. Les groupes de dirigeant-e-s Végéliens en sont une forme efficace. Ils ont été développé au sein des Communautés de Co-écoute et ils répondent aux besoins essentiels des groupes de dirigeant-e-s. Ils sont largement utilisés à la fois dans les Communautés de Co-écoute et à l'extérieur. Ils éliminent bien des difficultés rencontrées dans les rapports entre dirigeant-e-s, et ils permettent l'épanouissement de l'initiative individuelle.

Les membres d'un groupe de dirigeant-e-s Végéliens sont tous ceux qui sont déjà, ou qui sont prêts à devenir, dirigeant-e dans un segment donné de la population. Il peut s'agir des Co- écoutant-e-s d'un Secteur ou d'une Région ou d'une localité, ou bien d'un groupe de personnes ayant en commun un métier, un intérêt, une préoccupation ou une oppression subie. Les fonctions au sein d’un groupe de dirigeant-e-s Végéliens sont (a) l'Organisateur-Organisatrice et (b) le ou la Consultant-e. L'Organisateur-Organisatrice est un membre du groupe qui accepte de tenir à jour la liste et les coordonnées des membres et les informe de la tenue des réunions (le groupe de dirigeant-e-s Végéliens ne se réunit pas régulièrement, mais uniquement "quand il y a motif à se réunir").

Le ou la Consultant-e n'est pas nécessairement un membre du groupe. C'est la personne dirigeant-e de Co-écoute la plus expérimentée et la mieux informée qui est disponible. Souvent, la Personne de Référence Régionale (PRR) peut jouer ce rôle. Le ou la Consultant-e assume la Présidence de Séance pendant les quatre premiers points de l'ordre du jour, puis il/elle devient écoutant-e pour le cinquième.

Un ordre du jour typique d'un groupe de dirigeant-e-s Végéliens est le suivant :

  1. Un échange de bonnes nouvelles, à mesure que les participant-e-s arrivent ;

  2. Un rapport par chaque membre du groupe sur son activité de dirigeant-e du segment de population concerné. Les autres membres sont tenus d'écouter sans commentaire ;

  3. Une analyse à tour de rôle de la situation actuelle de ce segment de population – les points positifs, les difficultés, les occasions à saisir, les défis à relever ;

  4. Un rapport de la part de chaque membre sur ce qu'il propose de faire par la suite en tant que dirigeant-e.

  5. Une séance dans laquelle le ou la Consultant-e fait travailler chacun des membres sur "ce qui m’empêche d'être un-e dirigeant-e efficace". Les autres membres du groupe prennent l’engagement de poursuivre ce travail avec la personne ;

  6. Un cercle de fermeture où chacun-e dit ce qu'il/elle a le plus apprécié dans la réunion.

Les groupes de dirigeant-e-s Végéliens n'essaient pas de mettre en place des plans d'action généraux ni de contrôler l'efficacité de leurs membres. Ils ne se réunissent que lorsque les membres ou leur Consultant-e estiment qu'il y a une nécessité de le faire. Ces réunions libèrent l'initiative individuelle et forment rapidement un leadership nouveau.

S’il y a plus de huit ou dix participant-e-s, la meilleure solution est de scinder le groupe en deux parties ou plus.

II. AUTO-ÉVALUATION

L'auto-évaluation est un outil destiné à être utilisé par la personne dirigeante d’un groupe de travail71, et non par celle d’une classe, d’un atelier ou d’une section d'atelier, à moins que cette classe, cet atelier ou cette section d'atelier ne devienne un groupe de travail dans une autre fonction.

Procédure suggérée :

  1. La personne dirigeante

    i. dispose à son tour d'un moment où il parle de ses points forts, des domaines où il excelle dans le travail en question ;

    ii. parle des domaines où il aimerait faire des progrès;

  2. À tour de rôle, les autres membres du groupe

    i. expriment leur appréciation des points forts de la personne;

    ii. proposent des directions dans les domaines où ils estiment que la personne a besoin de s'améliorer encore.

L'efficacité de l'auto-évaluation dépend du soin et de l'attention avec lesquels nous pensons les un-e-s aux autres. Son application accompagnée d’une certaine expérience est utile. Bien que l’auto-évaluation ne soit pas une séance, il peut être utile de faire travailler la personne dirigeante à la suite de son auto-évaluation.

III. ÉVITER LES STRUCTURES NATIONALES

Les frontières d'une Région de la Réévaluation par la Co-écoute peuvent coïncider avec les frontières d'une nation, mais en général nous avons essayé d'éviter d'établir des structures nationales au sein des Communautés de Co-écoute. Car les "nations" ont été source d'automatismes de division et ont servi à justifier l'oppression et pour aliéner des groupes les uns par rapport aux autres.

Les "patriotismes nationaux" et les automatismes de détresse associés ont été imposés de tous temps dans toutes les nations existantes comme mécanisme pour provoquer et justifier des guerres, assurant ainsi d'énormes profits aux classes dirigeantes de chaque pays72.

Dès le début de nos Communautés, nous avons voulu développer une approche mondiale, en insistant sur l'idée qu'aucun être humain n'a de conflit d'intérêt rationnel avec d'autres êtres humains, et que "tous les hommes sont des sœurs".73 Nous avons également décidé que les Co-écoutant-e-s œuvreraient constamment à la collaboration et à l'amitié les plus complètes entre tou-te-s les Co-écoutant-e-s dans le monde entier, fournissant ainsi un modèle pour toute l'humanité. En conséquence, les frontières de nos Régions englobent souvent plusieurs pays, plusieurs états ou provinces, et souvent une métropole et les agglomérations environnantes. Il y a également des Régions constituées de parties d'un pays, d'une province ou d'une métropole. Là où les frontières d'une Région coïncident avec celles d'un état, une nation ou une province, c'est uniquement par commodité, et cela n'a aucunement pour but de diviser la Communauté entre "nations" différentes. Nos frontières peuvent également nous aider à identifier et à soutenir des nations qui ont été occultées par l’impérialisme.

IV. PROCESSUS DE DÉCISION

Dans l'éventualité d'une difficulté pour trouver un accord sur la politique ou le leadership à suivre, la procédure suivante s’est révélée efficace pour parvenir à une décision74 :

  1. On formulera d'abord clairement quelle est la situation présente et quels sont les objectifs à atteindre vis-à-vis de cette situation.

  2. Si ceci ne résout pas la divergence, chacune des personnes présentes fera une séance.

  3. Si ceci ne la résout pas, on organisera une séance dans un groupe, où les personnes inverseront leurs points de vue et où chacune s'efforcera de défendre le point de vue de l'autre, en s'écoutant à tour de rôle.

  4. Si ceci ne résout pas la divergence, on organisera un débat entre les différents points de vue, en veillant bien à ne discuter que des problèmes et non des personnes.

  5. Si le conflit persiste, on organisera une discussion où l'on s'efforcera de déterminer lequel des deux points de vue fait le moins d'hypothèses invérifiables, et on s'efforcera de se mettre d'accord pour choisir celui-là comme un point de vue provisoirement correct à mettre en pratique.

  6. Si la divergence n'est toujours pas résolue, on s'efforcera de décider lequel des deux ensembles d'hypothèses conduit aux développements les plus intéressants. Après cette discussion, on en viendra à une décision plutôt que tergiverser davantage. On exécutera la décision et on observera les résultats, nuançant ou modifiant la décision à mesure qu'apparaîtront de nouvelles données.

  7. Si un conflit sur la politique à suivre persiste encore, les décisions seront prises par la personne de référence appropriée.

V. UNIS POUR ÉLIMINER LE RACISME

Unis pour Éliminer le Racisme (UER) est un projet des Communautés de Réévaluation par la Co-écoute. Unis pour Éliminer le Racisme a participé au Forum des Organisations Non- Gouvernementales (ONG) de la Conférence Mondiale contre le Racisme, la Discrimination Raciale, la Xénophobie, et l’Intolérance qui lui est Associée (CMCR) organisée par les Nations Unis à Durban (Afrique du Sud) à la fin Août 2001. UER continue à aider d’autres groupes engagés dans l’élimination du racisme à apprendre et à utiliser les outils de la Co-écoute. Depuis 2001, UER a mené des centaines d’initiatives locales et participé à plusieurs projets d’envergure, comme d'autres conférences sur le racisme et les Forums Sociaux Mondiaux.

VI. FORMULAIRES

Tous les formulaires mentionnés dans le présent Guide peuvent être obtenus auprès des Personnes de Référence, de Re-evaluation Counseling Community Resources, Inc., ou sur le site web de la Co-écoute : .


71 Un groupe de travail ou une commission est un groupe de personnes qui font plus que pratiquer ou apprendre la Co-écoute ensemble ; par exemple, des personnes travaillant au développement d’une Communauté de Co-écoute, ou un groupe de femmes dirigeantes.

72 Bien que le but ultime soit de nous libérer des détresses liées à l’identité nationale, comme pour toute identité, chaque personne doit réclamer une entière fierté vis-à-vis de sa nationalité comme étape vers sa libération totale en tant qu’être humain. Il est également important de soutenir les gens pour qu’ils s’opposent à l’impérialisme et aux oppressions liées au nationalisme et de soutenir les efforts d’union nationale et d’indépendance comme étape vers une élimination de l’oppression de classe.

73 Cette citation de Harvey Jackins résume son engagement envers l’unité. Voir The List, 15, p. 177 ("Il est possible de bâtir un compagnonnage, une sororité, ou une communauté de gens qui prennent la responsabilité de l’application des idées de la Réévaluation par la Co-écoute, qui se sentent concernés par la réémergence de l’ensemble de la population mondiale, par la libération de toutes et tous vis-à-vis des oppressions, et par l’avènement d’une société rationnelle, coopérative, pacifique et dénuée d’exploitation.")

74 Cette procédure peut être utile pour résoudre des situations dans lesquelles deux personnes ou plus se proposent comme Personne de Référence.


Last modified: 2019-05-02 14:41:35+00