G.2. CRITÈRES POUR LES FORMATEURS-FORMATRICES DE CO-ÉCOUTE

Expérience et connaissances

Les personnes posant leur candidature pour enseigner la Co-écoute auront, si possible :
1. participé elles-mêmes à de nombreuses classes de Co-écoute,
2. fait des séances efficaces avec un certain nombre de Co-écoutant-e-s,
3. déchargé efficacement et régulièrement pendant leurs séances,
4. fait des séances régulières avec un certain nombre de Co-écoutant-e-s,
5. démontré leur engagement à se tenir au courant de la théorie de la Co-écoute, ce qui inclue une lecture assidue de la littérature, et
6. entretenu de bonnes relations continues avec la Communauté de Co-écoute de leur localité.

Les formateurs-formatrices devront comprendre l'objectif de la politique générale de non-socialisation de la Communauté et la respecter.

Combattre les détresses

En accordant une autorisation d'enseigner à des formateurs-formatrices, les Personnes de Référence tiendront compte de la compétence des candidat-e-s, de leur sens des responsabilités, de la qualité de leurs relations et de leur capacité à gérer leur environnement et leur propre bien-être. L'objectif est que tout-e formateur-formatrice soit une personne libre de tout automatisme qui l'empêcherait d'être un excellent modèle. Les automatismes d'oppression classiste, raciste, anti-Juifs, sexiste, ceux liés à l'âge, et d'autres, y compris la cupidité, font partie de nos cultures. Les formateurs-formatrices combattront ces automatismes dans les activités de Co-écoute et dans leur propre vie, et déchargeront à leur sujet.

Les comportements compulsifs42 céderont devant la décharge. En attendant que cela se vérifie, les formateurs-formatrices sont tenu-e-s :

1. de s’interdire de faire usage ou de prôner l'usage du tabac, de la marijuana, de l'alcool, des substances altérant le cerveau43, y compris les médicaments psychotropes,
2. de s’opposer à la fois à l’existence et à l’usage de la pornographie,
3. de travailler à se libérer des détresses liées à la pornographie, ainsi qu’à d’autres comportements sexuels rigides et répétitifs,
4. de décharger et de contredire toutes les détresses liées au sexe, à l'argent, à la nourriture et à l'usage ou l'évitement irréfléchi des médicaments44, et
5. de ne pas mener intentionnellement des activités dangereuses pour leur propre personne ou pour d'autres.

Les formateurs-formatrices déchargeront et combattront les automatismes d'oppression :
1. pour le succès de leur propre réémergence,
2. pour servir de modèles aux autres,
3. pour assurer le succès de leur classes et du développement de leur Communauté, et
4. pour mener une action dirigeante en tout lieu.

Attitude vis-à-vis de l'enseignement

Un empressement à enseigner n'est pas nécessaire pour devenir formateur-formatrice. Les Personnes de Référence ne sont pas obligées d'accréditer des personnes dont les automatismes recherchent une approbation à travers le statut de formateur-formatrice. Les Co-écoutant-e-s qui éprouvent des réticences à enseigner, et que l'on encourage à travers des séances, peuvent être d’excellent-e-s formateurs-formatrices. D’après notre expérience, ni l’empressement ni la réticence à enseigner n’affecte la qualité d’un-e formateur-formatrice.

RAISON

Les formateurs-formatrices qui s'appliquent à remplir ces critères seront de plus en plus efficaces. Ils/elles peuvent être d’excellents exemples de la théorie fondamentale de la Co- écoute et de la façon dont l’esprit humain fonctionne au mieux quand il est libéré des effets de souffrances non déchargées et ne subit pas l’influence de substances et d’activités nocives.

Nos dirigeant-e-s, nos classes et nos Communautés constituent des modèles. Nous pouvons éliminer les automatismes oppressifs, et il est bon de commencer par le faire au sein du leadership. Agir contre ces automatismes est une part essentielle de notre développement.

Les gens ne sont pas à blâmer pour leurs comportements nocifs. Beaucoup de ces comportements sont le résultat direct de l’oppression, mais une certaine rationalité est attendue dans le comportement des formateurs-formatrices de Co-écoute, quelle que soit la nature de leur détresse.

L’usage de la pornographie45 est largement répandu et accepté dans beaucoup de sociétés. La pornographie vise et blesse tous les humains. Elle sape tous les efforts de libération. En tant que formateurs-formatrices et dirigeant-e-s de Co-écoute, nous choisissons de contester cette situation. La pornographie renforce l’oppression des femmes et des jeunes personnes (souvent des femmes et des enfants visés par le racisme). Elle encourage et sexualise la violence envers les femmes et les enfants, ainsi que l’objectification et les inégalités dont ces groupes sont victimes. Une partie de la pornographie vise les hommes gays. Toute porno- graphie renforce les détresses et les confusions sexuelles et pousse les gens à collaborer et à soutenir économiquement l’industrie pornographique, ses objectifs et ses actions.

Les hommes, opprimés par la société mais aussi agents de l’oppression, sont amenés à compromettre leur intégrité quand ils font usage de la pornographie. L’industrie pornogra- phique, dans sa quête de profits colossaux, renforce systématiquement la domination masculine. La pornographie devient partie intégrante de l’oppression des hommes en les convaincant de se satisfaire d’une restimulation sexuelle plutôt que d’avoir de réels contacts humains. La pornographie vient en renfort de toutes les oppressions en exigeant d’eux qu’ils compromettent leur intégrité et leur isolement tout en promettant de soulager cet isolement46.

Il s’avère que pour certains comportements nocifs, un engagement à y mettre fin n’est ni suffisant ni impraticable ; le comportement doit cesser avant que qu’une personne n’enseigne la Co-écoute. Par exemple, la consommation d’alcool et de substances ayant une action sur le cerveau (telles que la marijuana et les médicaments psychotropes), la violence envers soi- même ou les autres sont des comportements incompatibles avec le fait de représenter la Communauté de Co-écoute en tant que formateur-formatrice. Avec d’autres comportements addictifs, il est envisageable pour une Personne de Référence d’accréditer un-e Co-écoutant-e, si celui-ci ou celle-ci s’est engagé-e à décharger et à cesser ce comportement.


42 Un comportement compulsif est le fait de céder continuellement aux sentiments restimulés d’un enregistrement de détresse et de remettre son contenu en action.

43 Les substances altérant le cerveau sont celles qui agissent sur le système nerveux central et interfèrent avec le processus de la pensée et/ou la décharge et avec le processus de réévaluation.

44 Un médicament est une substance qui traite, prévient, ou soulage les symptômes ou les causes d’une maladie ou d’une pathologie.

45 L’usage de la pornographie est défini comme la recherche de matériaux écrits, audio, ou visuels dont l’intention est de restimuler des sensations sexuelles. La pornographie est une exploitation sexuelle, principalement des femmes et des jeunes personnes, et se situe dans un contexte de sexisme et de domination masculine. Racisme et classisme jouent des rôles-clé dans les manières dont chaque personne est exploitée et opprimée par la pornographie. Bien que la pornographie soit en premier lieu orientée vers les hommes, l’industrie hautement lucrative de la pornographie vise de plus en plus les femmes en tant que consommatrices de pornographie.

46 L’usage de la pornographie installe des enregistrements de détresse dès les premiers instants. La pornographie sur Internet repère et cible continuellement les détresses des gens qui s’y adonnent, renforçant fortement les enregistrements existants, rendant ainsi toute résistance particulièrement difficile.

 


Last modified: 2019-05-02 14:41:35+00